[LES LIVRES DES AUTRES] Marie



Marie Poppins : Je crois que j’ai toujours aimé les livres. Je mentirais si je disais je me souvenir de mon premier souvenir de lecture, mais j’ai toujours été bercée par les histoires avant même de savoir lire, celles lues par mes parents. Mon entrée dans le monde de la lecture s’est donc faite, comme pour la plupart d’entre nous, par les albums, dont mon papa en particulier était très friand (il l’est toujours, à 55 ans...). Le premier livre que j’ai lu seule est Le Géant de Zéralda de Tomi Ungerer, un album qui m’avait été offert par mon amoureux de l’époque, c’est dire s’il m’a marqué !

J’ai ensuite développé une boulimie compulsive pour les livres, dévorant tout ce qui me tombait sous la main, aiguillée par mes parents, eux-mêmes grands lecteurs. Petite fille, je lisais des albums, de courts romans, vouais un culte à Catherine Wilson et Roald Dahl, aimais me faire peur (mais pas trop quand même), avalais des kilomètres de bande dessinée (Gaston Lagaffe en particulier, ma première addiction), collectionnais tout ce que l’on pouvait lire à propos des sorcières, étais fascinée par les contes de Grimm, Perrault et Andersen que me lisait mon père, et ai trouvé le Grand Amour, sur lequel j’épiloguerai plus loin. Aux alentours de mes 10, je suis devenue une inconditionnelle de la collection Neuf de l’Ecole des Loisirs, ai rencontré une nouvelle auteure fétiche en la personne de Malika Ferdjoukh (dont je reste une inconditionnelle), et suis restée « bloquée » dans la littérature adolescente jusqu’à mes 20, peu ou prou. J’ai par ailleurs fait une rencontre qui m’a ravie au collège, avec un nouveau genre jusqu’alors inexploré : le théâtre (Molière, Musset, Ionesco), genre que j’affectionne toujours autant, avec un auteur « coup de cœur », Joël Pommerat, et une passion pour Shakespeare. J’ai également eu d’autres belles émotions avec mes lectures de collège et lycée, l’Odyssée d’Homère, Candide et Zadig de Voltaire, L’écume des jours de Boris Vian...

Aujourd’hui, je pense pouvoir me qualifier de lectrice éclectique, car après 10 années de lectures adolescentes, je me suis lancée dans la littérature classique, tentant de « rattraper mon retard », et j’ai ainsi découvert la littérature française. J’ai développé de nouvelles passions, le polar en général et Fred Vargas en particulier, que j’aime d’un amour inébranlable, la littérature française contemporaine (Emmanuel Carrère, Edouard Louis...), la littérature classique anglaise (Wilde, Dickens, les sœurs Brontë, Jane Austen, R.L. Stevenson...), et depuis la littérature américaine, du polar noir (Lehanne, Elroy, Ellory...) aux romans plus contemporains (éditions Gallmeister mon amour). Je suis également passionnée de BD et de romans graphiques, dont je possède une collection plutôt (très) conséquent (je suis aussi une vraie chasseuse de dédicaces !), et de littérature jeunesse, car je suis maîtresse, après tout !

Je lis beaucoup, tous les jours, avec une préférence pour les lieux publics et bruyants : bus, tramway, cafés, jardins... Pour pouvoir m’enfermer dans ma bulle, j’ai paradoxalement besoin de monde autour de moi ! Je lis aussi beaucoup dans mon lit (au grand désespoir de mon amoureux), et sur mon vélo d’appartement (...), car c’est la seule motivation que je me connaisse pour faire du sport...


Je ne pourrais jamais me passer de mes livres, et l’une de mes plus grandes joies est de partager mes lectures avec mes proches. Je suis l’amie relou qui offre des romans ou des BD à tous les anniversaires, la tata monomaniaque avec ses albums bizarres, la collègue qui dit « tu dois ABSOLUMENT lire ce livre, je te jure ! », la fille qui entrepose des hectolitres de bouquins chez ses parents et dans petit appartement, mais c’est comme ça, je ne peux pas faire autrement... Les livres sont partie intégrante mon ADN !



Harry Potter à l’école des sorciers de J.K Rowling, Gallimard

Oui, je sais, c’est trivial. Mais je n’ai pas échappé à ce phénomène littéraire qui a bouleversé le monde et a marqué ma génération au fer rouge. Je parle ici de mon Grand Amour.
Afin d’éviter à tous l’affront de résumer ce best-seller mondial, je vais tenter d’en esquisser l’intrigue à ma façon, celle pour laquelle il m’a tant touchée et chamboulée et s’est, à jamais, installé dans mon cœur.

C’est l’histoire d’un petit garçon qui rentre dans l’adolescence de la pire de manières : il vit dans une famille où il n’a pas sa place, ses camarades le trouvent bizarre, il n’a pas un physique très aguicheur, il n’a pas d’ami, et une bien piètre estime de lui. Et puis un jour, on lui apprend qu’il y a eu méprise. Non, sa place n’est pas dans cette société qui l’a volontairement laissé de côté parce qu’il était « différent ». Sa place est ailleurs, dans un monde où la différence est la règle, ou la bizarrerie, la singularité, la folie douce, plus que tolérée, est induite et exigée. Une nouvelle vie commence pour le jeune adolescent, dans laquelle il va se découvrir des qualités qu’il ne se soupçonnait même pas, des amis tout aussi étranges que lui, des adultes l’invitant à dépasser les apparences, les préjugés, tout ce qu’il avait toujours cru vrai. Accessoirement, il vit désormais dans l’endroit le plus cool de la terre, un château hanté mais douillet, avec des passages secrets et des heures de parties de cache-cache en perspective, au milieu de jeunes gens tous aussi peu conventionnels que lui et qui se considèrent entre eux comme une famille, entourés d’adultes farfelus qui leurs enseignent des tours de magie, la meilleure façon de fabriquer des potions, comment voler (!!) sur des balais.

Comme le laisse entendre mon résumé, ce qui m’a particulièrement touchée la première fois que j’ai lu ce merveilleux roman, l’été de mes huit ans, c’est la proximité que j’ai immédiatement ressentie avec Harry, Ron et Hermione, ces adolescents « différents » mais qui trouvent finalement le lieu de vie qui leur convient le mieux : une école de sorcellerie où l’extravagance et la différence est célébrée. Ce n’est peut-être pas ce J.K. Rowling voulait laisser transparaître en premier dans cette série, mais c’est je pense une des raisons qui ont pour moi, et ce dès les premiers mots, fait d’Harry Potter cette lecture inoubliable, réconfortante, irremplaçable et indispensable pendant ces 20 dernières années. 

Blankets de Craig Thompson, Casterman

J’ai toujours lu beaucoup de BD, depuis mon plus jeune âge, et ce genre parfois mal aimé et peu considéré a toujours énormément compté pour moi. C’est encore plus vrai depuis que j’ai découvert mon premier roman graphique.
Dans Blankets, Craig Thompson, auteur américain, nous raconte avec beaucoup de douceur son enfance et sa jeunesse. Il est élevé dans une famille catholique très croyante, et tente d’échapper à la rigidité de ses relations familiales et à son mal être avec ses paires en milieu scolaire et s’évadant par le dessin. Mais personne dans son entourage ne prend au sérieux ses ambitions.
A l’occasion d’une classe de neige paroissiale, Craig va rencontrer Raina, dont il va tomber éperdument amoureux, fasciné autant par sa beauté que par ses convictions. 

Blankets raconte l’enfance de l’auteur et cette très touchante histoire d’amour entre deux adolescents à la vie de famille complexe et aux préoccupations trop lourdes pour leurs jeunes épaules.
Je ne suis pas croyante et pas du tout sensible à la religion. Mais ce récit est bien au-delà de la simple idée de religion, et traite avant tout des affres de l’adolescence, de la recherche de soi, de la quête du bonheur mais aussi des premiers choix et des premières déceptions et des premiers échecs. J’ai à nouveau été touchée par le thème du rejet, de la différence et de l’acceptation de soi que brosse avec douceur l’auteur. Son dessin en bichromie est d’une grande beauté et confère à l’ouvrage une dimension quasi « mystique ».
Cette magnifique découverte tient également une place importante dans ma vie de lectrice car c’est elle qui m’a permis d’entrer de plain-pied dans le roman graphique, objet protéiforme et absolument fascinant, tant il offre de possibilités de récits. 


Les Misérables de Victor Hugo

Je l’ai déjà dit, mais je ne me suis plongée dans la littérature classique que très tard. J’ai lu les Misérables l’année de mes 23 ans, après avoir découvert au cinéma la comédie musicale qui en a été tirée.
Comment résumer cette œuvre foisonnante de plus de 1500 pages, pleine d’intrigues parallèles et de digressions incongrues ? En étant bien plus que synthétique, on peut dire qu’il s’agit de suivre, à l’aube du XIXème siècle, et pendant près de 40 ans, les affres de la vie de Jean Valjean, pauvre élagueur envoyé au bagne l’année de ses 25 ans pour avoir volé du pain pour en nourrir ses neveux. Il y passera 20 ans et en sortira avec une volonté inébranlable de prendre une revanche sur la vie. Mais son retour à la liberté ne se fera pas sans heurts, menacée à chaque seconde par l’immonde Javert, policier inflexible et dont le seul but semble de renvoyer le déviant Jean Valjean au bagne, et qui va le traquer sous toutes ses nouvelles identités.
Jean Valjean adoptera Cosette, jeune orpheline maltraitée par son ignoble famille d’accueil, et s’efforcera de la protéger jalousement des dangers du monde extérieur.
Nous suivrons également en parallèle la montée de l’indignation d’une poignée de jeunes gens aux origines des émeutes de 1832 à Paris, les amis de l’A.B.C., et plus particulièrement de Marius Pontmercy, petit fils d’un grand bourgeois dont il refuse le mode de vie et les idées politiques.

Ce résumé un peu chaotique ne peut donner ne serait-ce qu’une infime idée de l’absolue merveille qu’est cette fresque. Même si la lecture est laborieuse, ponctuée de digressions toutes plus saugrenues les unes que les autres (les égouts de Paris ?!), l’écriture de Victor Hugo est tellement sublime qu’on n’a pas envie d’en perdre une seule miette. J’ai été tellement émue tout au long de cette lecture, tour à tour heureuse, amoureuse, effroyablement triste, révoltée... Il ne peut s’agir que d’une des lectures les plus marquantes de ma vie, et je ne peux que conseiller d’oser se lancer dans ce monstrueux pavé qui est, au premier abord, assez décourageant, mais qui saura récompenser les lecteurs les plus courageux !


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