[LES LIVRES DES AUTRES] Yuyine

Yuyine : Aussi loin que je m’en souvienne, il y a toujours eu des livres dans mon existence. Lire est pour moi aussi naturel que respirer, et je me sentirai désarmée si on m’empêchait d’accéder à la littérature. Je lis chaque jour, y compris en me lavant les dents ou en mangeant tant chaque minute de lecture est un trésor que je ne veux pas gâcher. Je lis pour rêver et m’évader, avec une préférence pour les lectures de l’imaginaire. Mais aussi pour réfléchir et agir, avec notamment la science-fiction anticipatrice et dystopique en ligne de front de mes réflexions. Je lis aussi pour affronter mes peurs, dévorant des milliers de pages de romans noirs et autres thrillers. Bref, je suis avant tout une lectrice de « mauvais genres » (y compris en graphique ou jeunesse) et j’aime en parler et les mettre en avant car ils sont, à mon goût, trop absents des scènes littéraires. J’ai fait de ma passion mon métier puisque je suis devenue bibliothécaire.

 Et il n’y a rien de plus agréable que d’être remercié pour avoir conseiller le bon livre, au bon moment, à la bonne personne.

Bonheur™ de Jean Baret, Le Bélial’

Dans l’univers futuriste de Bonheur™, la consommation est un devoir du citoyen. Les publicités sont partout, omniprésentes, et chacun doit réserver tout son temps libre à ces hologrammes et à l’action de consommer pour accéder au bonheur. Nous suivons Toshiba et son collègue Wallmart, traqueurs d’individu dont le profil de consommation présente des anomalies afin de déterminer s’il s’agit d’esprits dissidents qui utiliserait leur temps d’attention pour, par exemple, philosopher ou se balader dans un parc. 

Bonheur™ est une lecture effroyable, étouffante, oppressante voire complètement insupportable dans le propos ou dans la forme. Et pourtant, c’est sans doute le roman le plus marquant qu’il m’ait été donné de lire. Parce que tout ce qui y est cité, aussi glaçant soit-il, existe déjà. Parce que c’est un roman qui nous réveille et nous ouvre les yeux sur une réalité qu’on nie par habitude. Et parce que notre vie, après cette lecture, n’est plus tout à fait la même. Le philosophe Dany-Robert Dufour qui en signe la postface indique qu’il s’agit de la dystopie de notre XXème siècle, aussi puissante qu’un 1984 de G.Orwell. Et je suis entièrement d’accord avec lui. 

Bouleversant de justesse, terrible dans son propos, déroutant par son style, c'est un roman clivant qui ne pourra pas plaire à tous mais qui, pour ma part, a impacté ma vie de tous les jours.

Le Silmarillion de J.R.R. Tolkien, Pocket

Vous connaissez tous, au moins de nom, la Terre du Milieu du Seigneur des anneaux et de Le Hobbit. Le Silmarillion raconte l’origine de ce monde et ses premières guerres, notamment celle pour la défense des Silmarils renferment la Lumière des deux Arbres du Valinor entre les elfes et le Prince de la Nuit.

Le Silmarillion est un peu une Bible pour moi. Et dans ce recueil d’histoires légendaires, il y en a une qui a été pour moi une révélation : le récit de Beren et Lúthien. Beren était un homme mortel, Lúthien, une elfe, et leur amour, envers et contre tout, est d’une poésie folle. Il s’agit d’un récit plein de dangers, mais aussi très lyrique, qui m’avait envoûté à la première lecture et reste, à ce jour, l’histoire que j’ai le plus souvent relu tant je la considère magistrale. Je crois sincèrement que la première vision qu’à Beren de Lúthien est le plus beau texte qu’il m’ait été donné de lire jusqu’à ce jour. Et quand on sait que J.R.R. Tolkien évoque ici sa rencontre avec sa femme, on ne peut qu’être touché en plein cœur, émus par cet amour d’une pureté rare. 

En tout cas, rien qu’à vous écrire ces lignes, j’ai déjà envie de m’y replonger.

Le petit prince d’Antoine de Saint-Exupéry, Folio Gallimard

Un classique de la littérature qui m’a accompagné à différentes étapes de mon existence.

Le petit prince raconte l’histoire d’un aviateur qui, à la suite d’un crash en plein désert, rencontre un étrange garçon qui dit venir d’un astéroïde. Ce dernier lui raconte alors sa vie, tout là-haut parmi les étoiles, avec sa rose qu’il aime d’un amour fou, ainsi que son épopée vers la Terre et les rencontres qu’il y fit.

C’est un livre qui parle de l’imagination, de l’enfance, du rêve, de l’amitié et de l’amour. Cette histoire, enfant, me faisait rire et rêver. Puis, en grandissant, toute la beauté de son message m’est apparue peu à peu. Il s’agit aujourd’hui d’un livre que je chéris, vers lequel je reviens régulièrement, pour continuer de rêver mais aussi pour l’émotion qu’il procure. Je ne peux plus lire le passage du renard sans avoir les larmes aux yeux par exemple. 

Il s’agit pour moi d’un texte faussement simple qui dit beaucoup, y compris entre les lignes.

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