[LES LIVRES DES AUTRES] La Luciole Ecarlate

La Luciole Écarlate : Je suis une grande lectrice depuis mon enfance! J'étais une petite fille assez solitaire, et je dévorais des livres, le plus souvent empruntés à la bibliothèque municipale, au CDI, ou achetés dans les brocantes. Mes parents et moi faisions une expédition mensuelle à la Caverne des particuliers (une sorte de dépôt-vente) pour refaire notre stock de livres bon marché, et je ramenais des piles de vieux romans pour enfant de la "Bibliothèque Verte", ou de la collection "Rouge et Or." Adolescente, j'ai nourri une grande passion pour la fantasy, grâce à ma maman, grande fan de Tolkien qui m'a lu Le Hobbit à voix haute et m'a ensuite mis Le Seigneur des anneaux entre les mains. J'ai ensuite découvert avec beaucoup de bonheur les œuvres du patrimoine littéraire dit "classique", et notamment des XIXème et XXème siècles: j'aime profondément Gérard de Nerval, Baudelaire, Colette, Marguerite Yourcenar ou encore Maurice Maeterlinck et William Butler Yeats.

Aujourd'hui, j'essaie de diversifier mes lectures et de continuer à alterner entre les genres: je revendique fièrement mon appartenance à la génération Harry Potter et je dévore aussi tous les romans de Zola qui me tombent sous la main! 

L’œuvre au noir de Marguerite Yourcenar, Folio

J'ai lu cette œuvre pendant que je préparais l'agrégation de lettres modernes. Le merveilleux Mémoires d'Hadrien était au programme, et je souhaitais lire plus de Marguerite Yourcenar afin de compléter mes connaissances. Quelle révélation!

L’œuvre au noir se penche sur le personnage de Zénon, un véritable Humaniste du XVIème siècle qui est à la fois médecin, philosophe, alchimiste et vagabond. Sa liberté d'esprit et sa recherche de connaissance allant à l'encontre des restrictions imposées par l'Eglise, il mène une vie itinérante et lutte, à sa mesure, contre l'obscurantisme de cette époque violente et troublée.

J'ai compris que ce roman était un chef d’œuvre lors d'une scène particulièrement marquante, dans les premiers chapitres. Marguerite Yourcenar décrit l'avènement de la théocratie anabaptiste de Münster, puis le siège et la prise de la ville par les troupes de l'archevêque. L'autrice décrit la violence et la cruauté de cet épisode historique avec un style tellement élégant et superbe que je me suis retrouvée aux prises avec une sensation extrêmement dérangeante, entre l'admiration et le dégoût. Je n'ai encore jamais retrouvé cette sensation, dans aucun autre livre. La suite du roman est tout aussi magistrale, on suit l'errance de Zénon, ses rencontres, ses discussions sur la science, la religion, la divinité, la mort. Marguerite Yourcenar est un des écrivains que je chéris le plus: tout ce que j'ai lu d'elle, absolument tout, m'a éblouie.

Lestat le vampire d'Anne Rice, Pocket

Lestat de Lioncourt, né en plein XVIIIème siècle dans une noble famille d'Auvergne, suit son ami Nicolas à Paris pour entamer une carrière de comédien, et y rencontre le vampire Magnus, qui le transforme avant de se suicider, le laissant seul aux prises avec sa métamorphose.

J'ai découvert cette œuvre alors que j'étais une adolescente imprégnée de fantasy épique. J'aimais Tolkien et Eddings, je me sentais enthousiasmée et emportée par les récits qui faisaient s'affronter les force du Bien et du Mal, la Lumière et les Ténèbres. Quand j'ai commencé à lire Anne Rice, je suis entrée dans un monde entièrement nouveau. J'ai découvert que l'ambiguïté pouvait être tout aussi fascinante que l'héroïsme. J'ai été complètement bouleversée par la rencontre avec ses personnages de vampires sensuels, poignants, décadents. J'ai enchaîné avec tous les autres tomes des Chroniques des vampires, sans pouvoir m'arrêter. Aujourd'hui, je crois que mon volume préféré de la saga est Memnoch le démon, qui porte une réflexion fascinante sur la religion, la foi, la perversion et le mal. Mais Lestat gardera toujours une place privilégiée dans mon histoire de lectrice.

La Naissance du jour de Colette, GF Flammarion

J'ai rarement retrouvé, chez d'autres écrivains, une plume aussi vibrante, délicate et sensuelle que celle de Colette. J'ai toujours aimé la lire pendant les grandes vacances, la nuit, assise sur un rebord de fenêtre, à la lumière du réverbère situé juste en face de ma chambre. J'aime tellement ses romans que j'ai eu bien du mal à un choisir un seul: j'aurais pu tout aussi bien parler de La Vagabonde, ou du Blé en herbe, qui sont, eux aussi, sublimes.

Dans La Naissance du jour, qui est en grande en partie autobiographique, Colette s'est retirée dans sa maison de Provence, pour vivre une retraite paisible. Son voisin, Valère Vial, s'éprend d'elle et tente de la séduire, mais elle a renoncé à sa jeunesse et aux amours, et ne recherche que l'apaisement dans la nature, l'écriture, la beauté.

Il ne se passe, dans ce roman, que très peu de choses, mais il s'agit néanmoins, pour moi, d'une œuvre magnifique. Colette évoque ses souvenirs, rêvasse dans son jardin, décrit la beauté des paysages et des végétaux avec un talent qui, pour moi, reste inégalé. C'est un roman-peinture à lire l'été, en plein cagnard, pour s'imprégner de mots et d'images d'une beauté pure.

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