[LES LIVRES DES AUTRES] Thomas



Thomas : Je lis par phases : à certains moments de ma vie, souvent durant les voyages, je lis beaucoup, et après ça plus rien pendant un moment (c’est remplacé par les séries, films, jeux vidéo...). J’écris aussi quelques nouvelles, modestement. Peut-être un jour un livre, mais j’attends d’être « prêt » ! Ce que je lis en attendant, cela va du tout bête manga à l’essai philosophique, avec des préférences dans les genres de la SF, de la vulgarisation scientifique et de l’absurde.


Pour lire, il faut que je puisse me concentrer : j’aime ce qui me fait réfléchir. Quand je m’y mets, la lecture vient remplacer mes autres passe-temps pendant quelques jours et ensuite la vie reprend son cours.


La Horde du Contrevent d'Alain Damasio, La Volte

C’est pour moi un monument. Le genre de lecture qui pose les fondations de celui qu’on va devenir après la dernière page. Au début, il faut s’accrocher : bien que ça soit de l’aventure, classé SF, le bouquin n’est pas facile à lire et a un style très particulier. On y suit l’histoire d’un groupe d’une vingtaine de personnages hauts en couleurs nommé la Horde du Contrevent et dont le but est de trouver la source du vent éternel qui souffle sur leur monde. C’est une aventure palpitante, proche du conte philosophique, où les narrateurs sont à tour de rôle chaque personnage du groupe. Chacun apporte son parlé, son caractère, sa poésie pour construire un récit qui remue les tripes du début à la fin.

Ça a été un tournant décisif. J’avais compris qu’on pouvait tenir un discours philosophique qui n’en avait pas l’air et pourtant toucher au plus profond du cœur des gens. L’auteur est un grand malade (en témoignent les deux pages de palindromes au milieu du récit) et porte via cet imaginaire un message aussi honnête que réel.


Embrasser le ciel immense de Daniel Tammet, Les Arènes

Livre que j’ai lu assez jeune, vers mes douze ans. C’est un bouquin honnête, simple, qui parle d’une situation réelle : les personnes autistes atteintes du syndrome d’Asperger. Daniel Tammet, l’auteur, est autiste qui a réussi à vivre avec les barrières qui se placent entre lui et le monde social normé. Il a réussi à vivre avec ses limites pour faire resplendir ses dons : mathématiques, langues, observation... Il fait partie de ceux qu’on appelle les « surdoués » et nous livre son ressenti avec une grande simplicité : qu’est-ce que cela fait d’être dans sa tête ?

Je ne suis pas autiste mais comme beaucoup de lecteurs de ce livre, je me suis reconnu dans bien des détails de la vie de Daniel. Ici et là, ce qui est chez lui poussé à l’extrême existe aussi chez nous. Cela m’a fait beaucoup de bien de ressentir toute la compassion qui émane d’un être dont on critique parfois le manque d’empathie. Il est plus touchant qu’il n’en a l’air. Ce livre donne à réfléchir sur ce qu’on perçoit et sur ce qui est vraiment : l’autre ne parle pas la même langue que nous mais il n’en pense et n’en ressent pas moins.


Par-delà le Visible de Carlo Rovelli, Odile Jacob

Superbe vulgarisation de la physique quantique et de l’histoire des sciences ! Le livre est court et parvient à nous expliquer deux choses : la première est la méthode scientifique, avec le petit récit de l’histoire des sciences de Galilée à aujourd’hui. On est loin de l’encyclopédie, on est là pour comprendre comment ça marche, tout ce bazar. Là où on voit des petits points parmi d’autres sur un graphique, les scientifiques nous expliquent que l’univers est infini et en expansion, qu’il y a 11 dimensions, que nous vivons dans des univers parallèles... Sauf que tous ne peuvent pas avoir raisonen même temps, et ce livre est écrit par un chercheur dévoué à une théorie parmi d’autres : la gravitation quantique à boucle. C’est barbare comme nom, il faut un peu s’y connaître, mais à cette condition la vulgarisation qu’en donne ce bouquin est inspirante.

Ce livre m’a donné à voir une élégance rare dans une théorie scientifique, aujourd’hui encore debout. À la condition de s’accrocher un peu et d’avoir des bases en physique des particules, on peut en apprécier la beauté et en comprendre les tenants et aboutissants. C’est aussi une manière de faire une petite rétrospective sur ce qu’on sait de la réalité et comment on l’a su.

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